Après deux années de repli, marquées par la remontée brutale des taux d’intérêt et une forte baisse de la demande, le marché immobilier à Paris et en petite couronne montre enfin des signes clairs de reprise. L’année 2025 marque un tournant : les acheteurs sont de retour, les volumes de transactions repartent à la hausse, et certains quartiers commencent même à afficher une légère hausse des prix. Analyse d’un réveil progressif, mais prometteur.
Les chiffres sont sans ambiguïté. Selon les notaires du Grand Paris, les ventes dans la capitale ont bondi de +25 % au deuxième trimestre 2025 par rapport à l’an dernier. En première couronne, la hausse dépasse les +30 %, avec des zones comme Montreuil, Issy-les-Moulineaux ou Clichy en pleine effervescence. Cette dynamique est alimentée par la stabilisation des taux d’emprunt (environ 2,8 % sur 15 ans en juillet 2025), un retour de la confiance, et un rééquilibrage progressif entre offre et demande.
Côté acheteurs, on observe le grand retour des profils qui avaient déserté le marché depuis fin 2022 : jeunes actifs, primo-accédants, cadres en mobilité, familles qui préfèrent acheter plutôt que subir une location surévaluée. Beaucoup avaient différé leur projet dans l’attente d’un meilleur alignement des conditions de financement. Aujourd’hui, l’atterrissage des prix (-10 à -15 % dans certains arrondissements entre 2022 et 2024) combiné à des taux plus lisibles redonne de l’élan.
Dans Paris intra-muros, les arrondissements du nord-est (19e, 20e), longtemps délaissés, connaissent un regain d’intérêt. Les petites surfaces partent vite, notamment lorsqu’elles disposent d’un extérieur ou d’un bon DPE. Dans le 17e, le marché familial redémarre autour des Batignolles et de Pereire. À Levallois, Vincennes ou Montrouge, les délais de vente raccourcissent et les marges de négociation se resserrent, signe que les vendeurs acceptent enfin de s’aligner sur la réalité du marché.
Les investisseurs reviennent eux aussi. Si le rendement locatif brut reste modeste dans Paris, la stabilité du marché et la sécurité patrimoniale rassurent. En proche banlieue, notamment dans les communes bien desservies par les transports ou situées sur le tracé du Grand Paris Express, certains biens permettent encore de dépasser les 4 % nets. C’est le cas à Pantin, Ivry-sur-Seine ou Malakoff.
Faut-il pour autant parler d’un redémarrage durable ? Les professionnels restent prudents. La reprise est réelle mais fragile, et dépendra largement de la stabilité macroéconomique, de l’évolution du crédit et de la capacité des vendeurs à rester raisonnables sur les prix. Si certains biens suscitent plusieurs visites dès la première semaine, d’autres peinent à trouver preneur lorsqu’ils sont mal situés, mal notés sur le plan énergétique, ou trop chers.
L’été 2025 offre toutefois une respiration bienvenue sur un marché francilien qui avait besoin d’un nouvel élan. Pour les acheteurs, c’est peut-être le bon moment d’agir, avant que la demande ne s’accélère à la rentrée. Et pour les vendeurs, l’heure est à la justesse : un bien bien positionné se vendra vite. Un bien surévalué, lui, restera en vitrine.